Rescued!  An Arcand publication from 1934:  La Griffe Rouge (“The Red Claw”), a speech by federal MP Sam Gobeil

Université de Montréal / University of Montreal


LA GRIFFE ROUGE (1934) FRONT COVER


TRANSLATOR’S FOREWORD

AVANT-PROPOS DE LA TRADUCTRICE

L’Université de Montréal, telle une couronne de joyaux, se dresse au sommet du mont Royal.  Elle a été créée par la loi en tant que corporation le 14 février 1920 et reconnue canoniquement par une constitution apostolique donnée le 30 octobre 1927 par Sa Sainteté le pape Pie IX.

The University of Montreal, like a crown of jewels, stands atop Mount Royal. It was created by law as a corporation on February 14, 1920 and canonically recognized by an apostolic constitution given on October 30, 1927 by His Holiness Pope Pius IX.

J’ai pu acheter à prix fort une copie très rare d’un document datant de 1934, publié par LE PATRIOTE d’Adrien Arcand.

I was able to purchase a very rare copy of a document from 1934, published by Adrien Arcand’s LE PATRIOTE, at a high price.

Le document est “LA GRIFFE ROUGE”, un minuscule pamphlet de 20 pages, plus amplement intitulé: “La griffe rouge sur l’Université de Montréal. Discours prononcé à Lac-Mégantic, comté de Compton, le 17 mars 1934 par Sam Gobeil.”

The document is “LA GRIFFE ROUGE”, a tiny 20-page pamphlet, more amply entitled: “La griffe rouge sur l’Université de Montréal. Speech delivered at Lac-Mégantic, Compton County, March 17, 1934 by Sam Gobeil.”

La subversion gauchiste de cette grande université catholique française, devenue la “couveuse” d’une “élite juive” immigrée, est le sujet central d’un discours de l’honorable Sam Gobeil, député fédéral du Québec, republié par Le Patriote d’Arcand en 1934.

The leftist subversion of this great French Catholic university, which had become the “incubator” for an immigrant “Jewish elite,” was the central subject of a speech by the Hon. Sam Gobeil, a federal member of Parliament from Quebec, republished by Arcand’s Le Patriote in 1934.

Ce discours de 1934 m’a poussé à rechercher des nouvelles de la fondation de l’université.  En effet, Monseigneur Georges Gauthier, figure centrale de la lutte catholique de 1930 contre le projet de loi des libéraux sur la Commission scolaire publique juive, était déjà profondément impliqué dans la fondation et l’histoire de l’Université de Montréal.  Monseigneur Gauthier a été le premier recteur, qui a mis en œuvre ses premiers programmes académiques.

This 1934 speech prompted me to seek news of the university’s founding.  Indeed, Monsignor Georges Gauthier, a central figure in the 1930 Catholic struggle against the Liberals’ Jewish Public School Board bill, was already deeply involved in the founding and history of the University of Montreal.  Monsignor Gauthier was the first rector, who implemented its first academic programs.

Nous pouvons donc mieux voir que l’Église catholique (par l’intermédiaire de Monseigneur Gauthier) était profondément impliquée dans la création de tous les niveaux d’un système éducatif pour le Québec idéal pour répondre et maintenir son héritage culturel et les besoins de sa population.

We can thus better see that the Catholic Church (through Monsignor Gauthier) was deeply involved in the creation of all levels of an educational system for Quebec that was ideal to meet and maintain its cultural heritage and the needs of its population.

Sam Gobeil et Adrien Arcand

Sam Gobeil and Adrien Arcand

Quant à Sam Gobeil et Adrien Arcand, l’honorable M. Gobeil était un conservateur de Bennett élu lors des élections fédérales générales de 1930 (135 sièges remportés).  En 1935, Gobeil a été nommé ministre des Postes du Canada.  (Dommage que cela n’ait pas été plus tôt, il aurait pu sauver le Goglu).  Dans le discours ci-dessous, Gobeil a un mot gentil pour les “fascistes” d’Arcand.

As for Sam Gobeil and Adrien Arcand, the Honourable Mr. Gobeil was a Bennett Conservative elected in the 1930 federal general election (winning 135 seats).  In 1935, Gobeil was appointed Postmaster General of Canada.  (Too bad it wasn’t sooner, he could have saved the Goglu).  In the speech below, Gobeil has a kind word for Arcand’s “fascists”.

Mais le discours de Gobeil est plus qu’une relique d’une époque, notamment l’acquisition d’une monnaie bilingue pour le Canada.  C’est plus qu’un rapport sur la subversion gauchiste d’une grande institution culturelle québécoise.  En tout point, le discours Gobeil est un miroir des enseignements et de l’influence d’Adrien Arcand.

But Gobeil’s speech is more than a relic of an era, including the acquisition of a bilingual currency for Canada.  It is more than a report on the leftist subversion of a major Quebec cultural institution.  In every way, the Gobeil speech mirrors the teachings and influence of Adrien Arcand.

En 1934, on peut déjà voir tous les repères célèbres de la pensée spirituelle et politique qui marqueront les publications d’Arcand après la guerre.  Et je dis cela sans avoir encore eu l’occasion de lire beaucoup de ses pamphlets et journaux de l’entre-deux-guerres.

In 1934, one can already see all the famous landmarks of spiritual and political thought that will mark Arcand’s post-war publications.  And I say this without having yet had the opportunity to read many of his pamphlets and journals from the interwar period.

En effet, la concordance en tout point du discours de Gobeil avec l’enseignement d’Arcand lui-même est si précise que l’on est probablement en droit de se demander si Arcand lui-même n’a pas eu une large part dans sa rédaction.

Indeed, the concordance in every respect of Gobeil’s speech with Arcand’s own teaching is so precise that one is probably entitled to wonder whether Arcand himself did not have a large part in its writing.

Que ce soit par l’intermédiaire de Gobeil, son disciple, ou par la participation d’Adrien Arcand à la rédaction du discours prononcé pour la première fois par Sam Gobeil à la Chambre des communes en 1934, la voix d’Adrien Arcand a sans aucun doute été entendue au Parlement du Canada par l’intermédiaire de son émissaire, l’honorable député de Compton.

Whether it was through Gobeil as his disciple, or through Arcand’s own participation in writing the speech first pronounced by Sam Gobeil in the House of Commons in 1934, the voice of Adrien Arcand was undoubtedly heard in the Parliament of Canada through his noted emissary, the Hon. Member from Compton.

Ce petit pamphlet de 20 pages coûtait plus cher que La République Universelle  ; qui m’avait coûté un paquet.

This little 20-page pamphlet cost more than La République Universelle  that had cost me a bundle.

La libraire, Claudine Bouvier, se trouve dans la belle région de Gatineau au Québec.  Nous la remercions sincèrement, ainsi que sa collègue Christine Lafrance, pour l’excellent service.  Mme Bouvier a une boutique virtuelle sur AbeBooks.

The book dealer, Claudine Bouvier, is in Quebec’s beautiful Gatineau region.  We sincerely thank her and her colleague Christine Lafrance for the excellent service.  Ms. Bouvier has a virtual store at AbeBooks.

AABooks a fait don du document original à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) pour leurs collections spéciales.  Comme vous le savez peut-être, la BAnQ assure l’inventaire, l’acquisition, la conservation, la diffusion et le traitement des documents patrimoniaux du Québec.

AABooks has donated the original document as a gift to the Bibliothèque et Archives nationales du Québec  (BAnQ) for their special collections.  As you may know, the BAnQ ensures the inventory, acquisition, conservation, dissemination and processing of Quebec’s heritage materials.

Adrien Arcand Books a réservé LA GRIFFE ROUGE avec un acompte en novembre 2021 et l’a payé fin décembre.

Adrien Arcand Books reserved LA GRIFFE ROUGE with a deposit in November 2021 and paid it up in late December.

Le pamphlet original a été scanné.  AAB l’a retouché pour enlever les marques de rouille causées par les agrafes.  Téléchargez votre propre copie fac-similé de ce document papier rare, vieux de 87 ans:  LA GRIFFE ROUGE.

The original pamphlet has been scanned.  AAB has touched it up to remove rust marks caused by the staples.  Download your very own facsimile copy of this rare, 87-year-old paper document, LA GRIFFE ROUGE, for free.

Pour des raisons inconnues, LA GRIFFE ROUGE, en format PDF, réalisée à partir de scans de l’original, refuse d’être correctement rendue consultable.  Il résiste à la conversion ROC malgré les tentatives de vingt ou trente services en ligne différents.  Pour les besoins de la recherche du document français, j’espère que vous vous contenterez de la version texte, transcrite ci-dessous.  Vous pouvez toujours la comparer à l’original.

For unknown reasons, LA GRIFFE ROUGE, in PDF format, made from scans of the original, is refusing to be properly made searchable.  It is resisting OCR conversion despite tries at twenty or thirty different online services.  For the purpose of searching the French document, I hope you will be content with the text verision, transcribed below.  You can always check it against the original.

(Pour terminer, la page d’histoire parlementaire de L’hon. Samuel Gobeil, C.P., indique “Photo non disponible”.  J’ai envoyé un courriel à la Bibliothèque du Parlement avec une copie de sa photo et un exemplaire de LA GRIFFE ROUGE qui la contient.  ; Espérons qu’ils pourront l’utiliser).

(As a final touch, the parliamentary history page for The Hon. Samuel Gobeil, P.C., says “Photo not available”.  I have emailed the Library of Parliament with a copy of his photo and a copy of LA GRIFFE ROUGE that contains it.  Let’s hope they’ll be able to use it.)

Alors, joyeux Noël !, lecteurs d’Arcand, Joyeux Noël !

So, Merry Christmas! Arcand readers, Joyeux Noël!

Mon intérêt personnel pour
La Griffe Rouge

My personal interest in
La Griffe Rouge

Ce document m’intéresse non seulement parce qu’il a été publié par Adrien Arcand, mais aussi parce que le sujet semble être l’influence “rouge” (communiste) sur l’Université de Montréal en 1934.

This document interests me not only because it was published by Adrien Arcand, but also because the subject seems to be the “red” (communist) influence on the Université de Montréal in 1934.

En effet, les gauchistes de cette université, au cours des dernières décennies, ont obtenu un espace officiel pour leur Forum sur l’intégration nord-américaine (FINA), la fusion du Canada avec les États-Unis et le Mexique pour former une union régionale sous un gouvernement mondial.

Indeed, leftists at this university, in recent decades, obtained official space for their North American Forum on Integration (NAFI), the merger of Canada with the United States and Mexico to form a regional union under a world government.

La FINA a été parrainée par le gouvernement fédéral et par le gouvernement du Parti québécois.  Ainsi, le Québec et le gouvernement fédéral font tous deux avancer l’Union nord-américaine et le gouvernement mondial.  Ce qu’ils n’ont, bien sûr, aucune autorité légale de faire, et donc c’est fait par la force, par la furtivité, et par la fraude.

NAFI was sponsored by the federal government and the Parti Québécois government.  Thus, both the Quebec and federal governments are advancing the North American Union and world government.  Which, of course, they have no legal authority to do, and so it’s being done by force, by stealth, and by fraud.

Si vous souhaitez voir le site web FINA-NAFI, qui n’est plus en ligne depuis des années, j’en ai fait une sauvegarde en 2010, l’année précédant sa disparition. il peut être téléchargé gratuitement dans un fichier zip:  http://www.fina-nafi.zip  Le fichier zip du site web FINA-NAFI est de 372 MB.

If you want to see the FINA-NAFI website, which has not been online for years, I made a backup in 2010, the year before it disappeared. It can be downloaded for free in a zip file:  http://www.fina-nafi.zip  The zip file of the FINA-NAFI website is 372 MB.

Vous pouvez avoir n’importe quoi d’autre d’intéressant dans ce dossier.  Tout cela concerne le FINA.

You can have anything else of interest in that folder.  It all concerns the NAFI.



THE RED CLAW OVER THE UNIVERSITY OF MONTREAL

La Griffe Rouge Sur L’Université de Montréal

Hon. Sam Gobeil (1934)


La Griffe Rouge
sur
l’Université
de Montréal

The Red Claw
on
the University
of Montreal

Discours prononcé à Lac Mégantic, comté de Compton,

A speech delivered in Lac Mégantic, Compton County,

le 17 mars 1934

on March 17th, 1934

Editions du
“PATRIOTE”

A “PATRIOTE
Publication

1725, rue St-Denis
Montréal

1725 St-Denis Street
Montreal



Lisez le “Patriote”

Read the “Patriote

Le “Patriote” a été fondé pour continuer l’oeuvre commencée par le “Miroir” et le “Goglu” et ne pas laisser perdre le fruit de leurs travaux. Sa formule est différente des deux autres journaux, adaptée à la mentalité produite par la crise économique, crise qui a porté les gens à réfléchir, à rechercher la cause de leurs maux, à trouver un remède pour les guérir, et par conséquent à penser plutôt qu’à s’amuser.

The “Patriote” was founded to continue the work begun by the “Mirror” and the “Goglu” so as not to let the fruit of their labors be lost. Its formula is different from the other two newspapers, adapted to the mentality produced by the economic crisis, a crisis that has led people to think, to seek the cause of their ills, to find a remedy to cure them, and therefore to think rather than to amuse themselves.

Le “Patriote”, quoique différent dans sa forme, s’inspire des mêmes principes que le “Miroir” et le “Goglu”, il accomplit la même tâche, il poursuit le même but. Il est plus humble peut-être, moins illustré que ses prédécesseurs, mais doit s’assujettir à des conditions économiques qui puissent assurer sa continuité. Un journal d’idées et de combat n’est jamais une entreprise payante, voire même une entreprise capable de se soutenir par elle-même. La question financière est donc capitale et le lecteur doit en tenir compte. Si le “Patriote” avait le moyen de faire mieux et plus grand, il le ferait sans qu’on le lui demande. Les éditeurs et rédacteurs du “Patriote” font leur large part pour le succès de l’oeuvre entreprise. Le lecteur peut faire aussi la sienne, en répandant le journal, en le recommandant, en en propageant les idées, en s’y abonnant.

The “Patriote“, although different in form, is inspired by the same principles as the “Mirror” and the “Goglu”, it accomplishes the same task, it pursues the same goal. It is more humble perhaps, less illustrated than its predecessors, but it must submit to economic conditions that can ensure its continuity. A newspaper of ideas and combat is never a paying enterprise, or even a business capable of supporting itself. The financial question is therefore crucial and the reader must take it into account. If the “Patriote” had the means to do better and bigger, it would do so without being asked. The editors and publishers of the “Patriote” do their part to ensure the success of the work undertaken. The reader can also do his part, by spreading the paper, by recommending it, by propagating its ideas, by subscribing to it.

S’abonner, c’est s’assurer de ne jamais manquer une seule copie. Adresser toute commande à “Le Patriote”, 1725, rue St-Denis.

To subscribe is to ensure that you never miss a single copy. All orders should be addressed to “Le Patriote“, 1725, rue St-Denis.

(Abonnement, $3.00 par année)

(Subscription, $3.00 per year)



SAM GOBEIL, M.P.



AVANT-PROPOS

FOREWORD

Le 26 février 1934, M. Sam. Gobeil, député de Compton à la Chambre des Communes, faisait de graves déclarations concernant l’Université de Montréal, dans l’enceinte du Parlement fédéral. Ces déclarations suscitèrent, parmi certains groupes, de très violentes protestations; dans d’autres groupes, ce furent des approbations. La grande presse du pays reproduisit surtout les protestations. Il va sans dire, aussi, que M. Gobeil fut prié par ses adversaires et ses antagonistes de donner des explications et des précisions.

On February 26, 1934, Mr. Sam Gobeil, Member of Parliament for Compton, made serious statements about the University of Montreal in the federal Parliament. These statements provoked, among certain groups, very violent protests; in other groups, they were approved. The country’s major press reproduced the protests in particular. It goes without saying, too, that Mr. Gobeil was asked by his opponents and antagonists for explanations and clarifications.

Le député de Compton convoqua une assemblée des électeurs de son comté, ses juges politiques, et se présenta devant eux, à Lac Mégantic, le 17 mars 1934, pour justifier ses paroles et donner les explications demandées. A l’inverse des événements précédents, la grande presse ignora l’assemblée de Lac Mégantic et n’en fit que très peu ou aucunement état.

The member for Compton called an assembly of the voters of his riding, his political judges, and appeared before them in Lac Megantic on March 17, 1934, to justify his words and give the explanations requested. Unlike previous events, the mainstream press ignored the Lac Megantic meeting and gave it little or no coverage.

La direction du “Patriote”, après avoir pris connaissance du texte du discours de M. Gobeil, a cru que ce document avait une importance telle qu’il méritait d’être porté à la connaissance du plus grand nombre possible de personnes. Ce discours, en effet, dénonce une ingérence politique flagrante dans l’enseignement universitaire et porte à ce sujet des accusations qui ne doivent pas rester sans jugement. Il faut que les graves questions soulevées par M. Gobeil soient vidées et réglées car, si l’état de choses qu’il dénonce est vrai, il ne saurait être toléré plus longtemps. L’ingérence politique dans des domaines supérieurs à la politique est toujours cause de maux et d’abus qui peuvent conduire à des issues désastreuses; on ne peut donc raisonnablement ignorer cette plaie, quand elle est dénoncée.

The management of the “Patriote”, after having read the text of Mr. Gobeil’s speech, believed that this document was of such importance that it deserved to be made known to as many people as possible. This speech, in fact, denounces blatant political interference in university education and makes accusations in this regard which should not go unchallenged. The serious issues raised by Mr. Gobeil must be addressed and resolved because, if the state of affairs he denounces is true, it cannot be tolerated any longer. Political interference in domains superior to politics is always the cause of evils and abuses that can lead to disastrous outcomes; one cannot reasonably ignore this plague, when informed of it.

L’importance des accusations portées par M. Gobeil, en regard des principes qu’il affirme, nous a convaincus de la nécessité d’éditer son discours. C’est, à notre avis, un document de première importance, qui méritait de rester en lumière et qui méritera de rester à l’honneur s’il peut apporter un remède à la situation qu’il dénonce.

The importance of the accusations made by Mr. Gobeil, in relation to the principles he asserts, convinced us of the need to publish his speech. It is, in our opinion, a document of primary importance, which deserved to remain in the spotlight and will deserve to remain in the spotlight if it can bring about a remedy to the situation it denounces.

LE “PATRIOTE”.

LE “PATRIOTE”.



SAM GOBEIL, M. P.

SAM GOBEIL, M. P.

La Griffe Rouge
sur
l’Université
de Montréal

The Red Claw
on
the University
of Montreal

Monsieur le président,
Mesdames,
Messieurs,

Mr. Chairman,
Ladies and
Gentlemen,

Vous savez exactement, j’en ai la certitude, pour quelle raison je vous ai convoqués à cette assemblée. Depuis quelque temps, les journaux vous ont beaucoup parlé du député de Compton. Ils ont reproduit des déclarations, des résolutions, des commentaires sur des déclarations que j’ai faites à la Chambre des Communes, le 26 février dernier. Ces déclarations, qui ont eu pour effet de tant scandaliser les groupes libéraux de tous les noms imaginables, je m’en viens les faire de nouveau dans mon comté, comme je suis prêt à aller les faire encore n’importe où, n’importe quand, et les discuter à leur mérite. Quand je les ai faites au Parlement, je les ai faites sciemment, en pleine connaissance de leur importance, avec la plus honnête et la plus ferme conviction qu’un homme peut avoir. Je savais qu’elles effaroucheraient bien des consciences peu tranquilles, qu’elle feraient sursauter bien des coupables et des timides. Comme vous avez pu vous en apercevoir, ça n’a pas manqué. Mais tout le bruit fait autour de mes paroles ne m’a aucunement ému, car j’ai gardé intacte ma joie d’avoir accompli mon devoir, et entière la sérénité que procure toujours le courage de dire la vérité.

You know exactly, I am sure, why I have called you to this meeting. For some time now, the newspapers have told you a lot about the member from Compton. They have reproduced statements, resolutions, comments on statements that I made in the House of Commons on February 26th last. These statements, which had the effect of so scandalizing Liberal groups of every conceivable name, I have come to repeat in my riding, just as I am prepared to go and repeat them anywhere, at any time, and discuss them on their merits. When I made them in Parliament, I made them consciously, in full knowledge of their importance, with the most honest and firmest conviction a man can have. I knew that they would frighten many an uneasy conscience, that they would startle many a guilty and timid person. As you can see, there has been no shortage of that. But all the noise made about my words did not move me in the least, because I kept intact my joy of having accomplished my duty, and the serenity that always comes from the courage to tell the truth.

Electeurs de Compton, malgré tous les défauts que vous pourriez m’attribuer, je sais qu’il y a une qualité que pas un seul d’entre vous ne pourra me contester: ce que je suis, je l’affiche; ce que ma conscience m’ordonne de dire, je le dis, même si cela peut me nuire. Je n’ai jamais caché mes couleurs ni ma pensée. Vous le savez. Et c’est parce que je sais que vous le savez, que je ne crains pas de venir devant vous,

Voters of Compton, in spite of all the faults that you may attribute to me, I know that there is one quality that not a single one of you will be able to dispute: that which I am, I display; what my conscience orders me to say, I say, even if it may harm me. I have never hidden my colors or my thoughts. You know that. And it is because I know that you know it, that I am not afraid to come before you,



8    LA GRIFFE ROUGE

8    THE RED CLAW

après vous avoir convoqués moi-même, pour me faire juger par vous. Mes convictions, tous les connaissent: je suis catholique et je m’en glorifie; en politique, je suis conservateur et j’en suis fier. Cependant, parce que j’ai des convictions, j’ai le droit d’exiger que les autres en aient, j’ai le droit d’exiger que les autres se montrent sous leurs vraies couleurs.

after having summoned you myself, to be judged by you. Everyone knows my convictions: I am a Catholic and I pride myself on it; in politics, I am a conservative and I am proud of it. However, because I have convictions, I have the right to demand that others have them, I have the right to demand that others show their true colors.

Il serait trop long de vous relire tout le discours que j’ai prononcé à Ottawa sur la monnaie bilingue, et les autres questions qu’elle a provoquées. Permettez-moi de résumer.

It would take too long to reread the entire speech I gave in Ottawa on bilingual currency, and the other issues it raised. Let me summarize.

Nous aurons la monnaie bilingue.

We will have bilingual currency.

A cette fameuse séance, j’ai affirmé que je suis en faveur de la monnaie canadienne bilingue, que je la désire autant que quiconque. J’ai cependant différé avec les libéraux sur le moyen de l’obtenir. Les libéraux ont longtemps été au pouvoir; jamais, cependant, ils n’ont eu le courage de soumettre cette question à un vote de la Chambre. Ils savaient que cette mesure aurait été battue. En 1929, quand fut renouvelé le contrat pour l’impression de la monnaie bilingue, les libéraux étaient au pouvoir; ce sont eux qui ont passé ce contrat, et pourtant pas un seul des fameux apôtres de la monnaie bilingue, pas plus M. Jean-François Pouliot que M. Lapointe, n’eut le courage de parler des droits du français. Les conservateurs du temps ne les traitèrent pas pour cela de traîtres et d’anti-français; non, parce que les conservateurs ont toujours eu trop de respect pour les grandes questions de principes pour ne pas en faire des questions de petite partisannerie. Notre parti, parce qu’il est une chose humaine, peut avoir ses défauts, mais il n’a pas cette mesquine hypocrisie des libéraux à la Pouliot qui reprochent aux autres de négliger ce qu’ils ont toujours refusé de faire eux-mêmes.

At that famous meeting I said that I was in favour of bilingual Canadian currency, that I wanted it as much as anyone. But I differed with the Liberals on how to get it. The Liberals have been in power for a long time, but they never had the courage to put this issue to a vote in the House. They knew that the measure would be defeated. In 1929, when the contract for the printing of bilingual money was renewed, the Liberals were in power; they were the ones who made the contract, and yet not one of the famous apostles of bilingual money, not Mr. Jean-François Pouliot nor Mr. Lapointe, had the courage to speak of French rights. The Conservatives of the time did not call them traitors and anti-French for that; no, because the Conservatives have always had too much respect for great questions of principle not to make them questions of petty partisanship. Our party, because it is a human thing, may have its faults, but it does not have the petty hypocrisy of the Pouliot Liberals who blame others for neglecting what they have always refused to do themselves.

Cette question de la monnaie sera réglée d’ici à quelques mois et nous aurons une monnaie dans les deux langues officielles de ce pays. Je ne viens pas ici vous faire une déclaration au nom du Gouvernement, mais comme député de Compton, je vous affirme que les billets de la nouvelle Banque du Canada seront imprimés dans les deux langues. A qui, et à quoi le devrons-nous? — Nous ne devrons d’abord à la largeur de vue et au sens de la justice de l’homme éminent qui dirige les destinées de notre pays, l’Hon. R. B. Bennett. Mais, messieurs, je vous le demande, si le Gouvernement se trouvait en face d’un vote adverse de la Chambre sur cette question, pourrait-il passer outre? Et pourquoi prendre ce

This question of currency will be settled within a few months and we will have a currency in both the official languages of this country. I do not come here to make a statement on behalf of the Government, but as the Member for Compton, I can tell you that the bills of the new Bank of Canada will be printed in both languages. To whom and to what do we owe it? — To the broad-mindedness and sense of justice of the eminent man who directs the destinies of our country, the Hon. R. B. Bennett. But, gentlemen, I ask you, if the Government were faced with an adverse vote of the House on this question, could they override it? And why take this



SUR L’UNIVERSITE DE MONTREAL    9

ON THE UNIVERSITY OF MONTREAL    9

risque? Depuis quinze mois, messieurs, que je subis les injures de la presse libérale, et de gens que l’on pourrait supposer plus perspicaces ou plus honnêtes, et à les entendre, j’étais seul responsable si nous n’avions pas de billets dans les deux langues. Je ne prétends pas, Messieurs, avoir seul empêché le vote sur la motion Boulanger, mais j’en accepte bien volontiers ma part de responsabilité, et j’en suis fier, car le Gouvernement a aujourd’hui le champ libre pour reconnaître les deux langues officielles de notre pays sur la monnais canadienne. En cette année 1934, où nous célébrons le 4ème centenaire de la découverte du Canada, l’impression d’une monnaie canadienne dans les deux langues ne sera-t-il pas un digne couronnement de ces fêtes?

risque? For fifteen months, gentlemen, I have been subjected to the insults of the Liberal press, and of people who might be supposed to be more perceptive or more honest, and, to hear them tell it, I alone was responsible if we had no bills in both languages. Gentlemen, I do not claim to have alone prevented the vote on the Boulanger motion, but I gladly accept my share of the responsibility, and I am proud of it, because the Government today has the field open to recognize the two official languages of our country on Canadian currency. In this year 1934, when we are celebrating the 4th centenary of the discovery of Canada, will the printing of Canadian currency in both languages not be a worthy crowning of these festivities?

Messieurs, je voudrais m’arrêter ici, mais je ne le dois pas, en justice pour moi-même et pour mon parti. Je ne veux pas prêter à mes adversaires des intentions qu’ils n’ont pas, mais la seule conclusion logique de leur attitude sur cette question est que la “motion Boulanger” fut proposée à la Chambre, dans un seul but politique, et pour mettre le Gouvernement conservateur en face d’une opinion exprimée par la Chambre, qui lui rendrait à peu près impossible le règlement de cette question dans le sens que nous le désirons. Le discours de M. Boulanger l’an dernier le prouve, de même que les quelques paroles de M. Lapointe, qui savait bien que le contrat passé en 1929 expirait cette année, et qui ne voulait pas qu’un Gouvernement conservateur nous donne une monnaie dans les deux langues, parce qu’ils n’avaient pu le faire eux en 1929.

Gentlemen, I would like to stop here, but I must not, in justice to myself and to my party. I do not wish to attribute to my opponents intentions which they do not have, but the only logical conclusion from their attitude on this question is that the Boulanger motion was proposed to the House for one political purpose only, and to confront the Conservative Government with an opinion expressed by the House which would make it almost impossible for them to settle this question in the way we desire. Mr. Boulanger’s speech last year proves this, as do the few words of Mr. Lapointe, who knew well that the contract made in 1929 expired this year, and did not want a Conservative Government to give us a currency in both languages, because they had not been able to do so themselves in 1929.

“Si vous aimez tant votre race.”

“If you so love your race.”

Pendant que j’exposais mon attitude sur la motion Barrette, les “patriotiques” libéraux jugèrent à propos de m’interrompre avec des protestations d’amour pour la race et ses intérêts. C’est alors que je leur répondis en substance ceci:

While I was explaining my attitude toward the Barrette motion, the “patriotic” Liberals saw fit to interrupt me with protestations of love for the race and its interests. Then I replied in substance as follows:

“Ah! si vous l’aimez tant que vous dites, notre race, allez donc demander à M. Taschereau, votre confrère libéral, de remplacer par des Canadiens-français les deux Juifs qu’il a fait nommer à la présidence des plus importants comités de la Législature de Québec. Si vous Vaimez tant que cela, notre race, allez donc épurer l’Université de Montréal de son élément rouge qui la domine, de la juiverie qui y contamine notre jeunesse, des professeurs athées qui y forment nos jeunes gens. Si vous avez tant à coeur l’intérêt des citoyens de Québec, empêchez donc les noms de ministres libéraux de figurer sur des prospectais de compagnies frauduleuses qui exploitent les culti-

“If you love our race so much, go and ask Mr. Taschereau, your fellow liberal, to replace with French-Canadians the two Jews he has had appointed to chair the most important committees of the Quebec legislature. If you love our race so much, go and purge the University of Montreal of the red element which dominates it, of the Jewishness which contaminates our youth, of the atheistic professors who train our young people. If you care so much about the interests of the citizens of Quebec, prevent the names of Liberal ministers from appearing on the prospectuses of fraudulent companies that exploit the farm-



10    LA GRIFFE ROUGE

10    THE RED CLAW

vateurs, en se servant des noms de ces ministres pour vendre des parts qui ne valent rien.”

ers, using the names of these ministers to sell shares that are worthless.

Ce fut immédiatement, dans tous les quartiers libéraux, un tonnerre de protestations. Les coups avaient porté, et ils avaient porté à l’endroit sensible! Le premier ministre Tas-chereau fulmina plus que les autres. Il annonça même une motion spéciale de censure contre moi, motion que j’attends encore. Un comité anonyme de professeurs de l’Université de Montréal protesta aussi. Les Jeune-Canada et de rares étudiants emboîtèrent le pas, mais beaucoup plus mollement. Et de tout cela, qu’est-il sorti? Absolument rien, sinon des injures. Mais, vous l’avez tous remarqué et plusieurs journaux l’ont souligné par la suite, pas un seul homme dans toute la province, de n’importe quel clan ou groupe, ne s’est levé pour me démentir, pour affirmer que j’avais faussé la vérité. Pas un seul homme, pas un seul, n’a été capable de nier ce que j’avais affirmé, de détruire ce que j’avais avancé. Au contraire, bien au contraire; aussitôt après la première réaction de rage dans le camp ennemi, les preuves à mon appui s’accumulèrent. Je viens aujourd’hui vous en apporter quelques-unes. Vous jugerez vous-mêmes si elles sont plus sérieuses et pèsent plus que les injures non motivées de mes adversaires.

There was an immediate outcry in all the liberal quarters. The blows had been dealt, and they had been dealt in the right place! Premier Taschereau fulminated more than the others. He even announced a special motion of censure against me, which I am still waiting for. An anonymous committee of professors from the University of Montreal also protested. Jeune-Canada  and a few students followed suit, but much more weakly. And what came of all this? Absolutely nothing, except insults. But, as you all noticed and as several newspapers pointed out afterwards, not a single man in the whole province, from any clan or group, stood up to contradict me, to say that I had distorted the truth. Not one man, not even one, was able to deny what I had said, to invalidate what I had put forward. On the contrary, much to the contrary; immediately after the first reaction of rage in the enemy camp, the evidence in my favour accumulated. I have come today to bring you some of this evidence. You will judge for yourselves whether it is more solid and carries more weight than the unjustified insults of my adversaries.

On m’a blâmé pour avoir fait mes déclarations à la Chambre des Communes. Je réponds à ce reproche que c’est au Parlement que tout député doit d’abord faire son devoir de mandataire; qu’il doit parler au Parlement lorsqu’il tient à ce qu’on reproduise ses paroles dans la presse, quand il ne veut pas voir le silence se faire autour de déclarations qui, dans sa conviction, doivent avoir la plus grande répercussion possible.

I have been criticized for making my statements in the House of Commons. I reply to this reproach that it is in Parliament that every Member of Parliament must first do his duty as an agent; that he must speak in Parliament when he wishes to have his words reproduced in the press, when he does not wish to see silence surrounding statements which, in his conviction, should have the greatest possible repercussions.

Pertes occasionnées par des ministres.

Losses caused by ministers.

Je m’arrêterai peu longtemps sur les noms de ministres libéraux accolés à des entreprises qui ont ruiné une foule de petits épargnants. Ces noms sont bien connus, ils vous ont déjà été nommés, de même que les entreprises où ils figuraient. Vous savez qu’un ministre de M. Taschereau figurait avec importance dans la réclame de la Cie des Appartements Baldwin-Lafontaine, qui a fait faillite et fait perdre énormément à des cultivateurs. De même, dans l’entreprise du Chemin de fer de Chibougamou. Voici à ce sujet un passage d’une lettre portant une signature responsable.

I will not dwell long on the names of Liberal ministers attached to companies that have ruined many small savers. These names are well known; they have already been named to you, as have the companies in which they appeared. You know that a minister of Mr. Taschereau’s appeared prominently in the advertisement of the Baldwin-Lafontaine Apartment Company, which went bankrupt and caused great loss to farmers. Similarly, in the Chibougamou Railway Company. Here is a passage from a letter bearing a responsible signature.

Un pharmacien de Montréal m’écrit, en date du 1er mars:

A Montreal pharmacist writes to me, dated March 1st:



SUR L’UNIVERSITE DE MONTREAL   11

ON THE UNIVFERSITY OF MONTREAL   11

“Vis-à-vis les prospectus, en voilà une lacune dont vous êtes le premier, assez courageux, pour en parler publiquement. Ma mère a perdu $2,000.00 dans le Chemin de fer de Ohibougramou, parce que le nom du ministre … (je ne le nomme pas parce qu’il est sorti de la politique) était sur le prospectus. Une tante a perdu la même somme dans les mêmes circonstances, de même qu’une de mes cousines”.

“Vis-à-vis the prospectuses, here is a shortcoming concerning which you are the first one brave enough to speak publicly. My mother lost $2,000.00 in the Chibougramou Railway, because the name of the minister … (I am not naming him because he is out of politics) was on the prospectus. An aunt lost the same amount in the same circumstances, as did a cousin of mine.”

D’autres lettres traitent du même sujet.

Other letters deal with the same subject.

J’attends la censure de M. Taschereau et ses députés à ce sujet. Je crois que je l’attendrai bien longtemps. Passons aux autres questions.

I am waiting for the censure of Mr. Taschereau and his members on this matter. I think I’ll wait a long time for that. Let’s move on to the other issues.

J’ai affirmé que, si les libéraux aiment vraiment notre race, ils devraient remplacer par des Canadiens-français les deux Juifs qui président des comités importants de la Législature. M. Taschereau passe son temps à nous dire que sa Législature est le seul parlement français et catholique d’Amérique. Est-ce avec des Juifs, qui ne sont ni de race française ni de religion catholique, que M. Taschereau entend justifier ses vantardises? Là-dessus, j’attends encore sa motion de censure, et j’ai bien hâte de voir comment il pourra nous convaincre que ces présidences de comités parlementaires ne sont pas dues à notre race, pourquoi les Juifs y sont nécessaires, comment ils y ont droit, par quel tour de force M. Taschereau peut fabriquer une administration catholique avec des anti-catholiques, et en vertu de quel article des intérêts canadiens-français des Juifs doivent prendre la place de Canadiens-français aux postes importants de la Législature.

I have said that if the Liberals really love our race, they should replace with French Canadians the two Jews who chair important committees of the Legislature. Mr. Taschereau spends his time telling us that his Legislature is the only French and Catholic parliament in America. Is it with Jews, who are neither French nor Catholic, that Mr. Taschereau intends to justify his boasts? I am still waiting for his motion of censure, and I am anxious to see how he can convince us that these chairmanships of parliamentary committees are not owed to our race, why Jews are necessary, how they are entitled to them, by what trick Mr. Taschereau can manufacture a Catholic administration with anti-Catholics, and by virtue of what article of French-Canadian interests must Jews take the place of French-Canadians in the important posts of the legislature.

L’Université de Montréal, je tiens à l’affirmer, n’a pas toujours été ce qu’on lui reproche d’être aujourd’hui. Ce n’est que depuis que la Clique rouge de Québec s’en est emparée et la tient dans ses griffes, que son caractère a changé, que notre haut clergé y a moins d’influence et d’autorité, qu’on parle d’en sortir “les soutanes”.

The University of Montreal, I wish to affirm, has not always been what it is reproached with being today. It is only since the Red Clique of Quebec has seized it and held it in its clutches, that its character has changed, that our high clergy has less influence and authority there, that there is talk of booting out “the cassocks.

Quand je dis que l’Université de Montréal est un lieu de contamination, je ne dis pas que tous ceux qui y passent sont contaminés, mais que le danger existe pour tous et que nous avons le droit d’exiger que ce danger disparaisse.

When I say that the University of Montreal is a place of contamination, I am not saying that everyone who passes through is contaminated, but that the danger exists for everyone and that we have the right to demand that this danger disappear.

La religion à l’Université.

Religion at the University.

J’ai affirmé qu’il y a des professeurs athées, sans-Dieu, irréligieux à l’Université de Montréal. C’est la déclaration qui a soulevé les plus vives protestations. On s’est insurgé, on a crié, on s’est indigné, mais pas un seul démenti n’est venu. Au contraire, on m’a soutenu.

I stated that there are atheist, Godless, irreligious professors at the University of Montreal. This is the statement that raised the strongest protests. There was insurrection, shouting and indignation, but not a single denial. On the contrary, I was upheld.

Le 22 février 1934, “Le Quartier Latin”, journal publié par les étudiants de l’Université de Montréal eux-mêmes, pu-

On February 22nd, 1934, “Le Quartier Latin“, a newspaper published by the students of the University of Montreal themselves, was pub-



12    LA GRIFFE ROUGE

12    THE RED CLAW

bliait en première page un article intitulé “Petits athées et dilettantes”, et déplorait le fait que des étudiants y sont contaminés par l’athéisme et le nihilisme. Je vous le demande, électeurs de Compton, est-ce dans nos collègues classiques, d’où ils sont récemment sortis, dans nos collèges dirigés par des prêtres et des religieux, que ces étudiants sont devenus des athées? Non. Vous savez trop bien vous-mêmes avec quels sentiments de piété et de respect de la religion nous reviennent chaque année, dans nos paroisses, ceux qui fréquentent les collèges classiques. Qu’y a-t-il, alors, à l’Université de Montréal, pour contaminer ces jeunes étudiants? Des professeurs athées, comme je l’ai affirmé, comme personne n’a pu le nier, et des Juifs élevés dans la haine de notre religion et de nos dogmes. On m’a demandé de nommer ces professeurs. Qu’on nie d’abord, dans les millieux autorisés, avant de me demander de donner des noms. Je ne les nommerai pas plus qu’on ne nomme les étudiants devenus athées, pas plus qu’on ne nomme les étudiants juifs. Car, ici, il ne s’agit pas de salir des noms ou de faire des personnalités, mais d’une grave question de principes. Je ne donnerai pas de noms, mais j’affirmerai aussi que c’est une Université contaminante qui, aux jeunes gens qui ont appris dans nos collèges la doctrine catholique sur l’indissolubilité du mariage, l’horreur anti-sociale du divorce et le caractère de bigamie du remariage, se moque de cette doctrine par ses premiers officiels et la foule publiquement aux pieds. J’espère que je suis compris et n’ai pas besoin de donner des précisions. Parce qu’elle est officiellement catholique, parce qu’elle tire son existence d’une charte émise par le Pape lui-même, l’Université de Montréal ne remplit pas son rôle, je le réaffirme. Si elle était reconnue comme neutre ou ouvertement anticléricale, je n’aurais rien à dire, mais mes convictions et mon devoir de catholique me forceront de parler aussi longtemps que cette université, par son caractère catholique officiel, me touchera d’aussi près. J’ai le droit, et vous tous comme moi, d’élever mes enfants suivant les principes catholiques, j’ai le droit de vouloir qu’ils soient comme moi, comme mes ancêtres; et ce droit me donne celui d’examiner et de critiquer les institutions où doit se continuer la formation catholique reçue au foyer et dans la petite école de chez-nous, à l’ombre du clocher. J’ai usé de ce droit, j’en userai encore. Qui proteste? Les coupables, ceux qui se sentent pris en défaut. Ces gens-là ont tenté de se cacher derrière cinq évêques en disant que je les avais insultés; ils ont annoncé qu’ils allaient demander aux évêques de me censurer. J’ai un trop grand respect de nos évêques et une trop profonde confiance en leurs directions pour jamais m’insurger contre leurs déci-

On February 22, 1934, “Le Quartier Latin”, a newspaper published by the students of the University of Montreal themselves, published on its front page an article entitled “Little atheists and dilettantes”, and deplored the fact that students there are contaminated by atheism and nihilism. I ask you, voters of Compton, is it in our classical colleges, from which they have recently emerged, in our colleges run by priests and religious, that these students have become atheists? No. You yourselves know only too well with what feelings of piety and respect for religion those who attend the classical colleges return to our parishes each year. What is there, then, at the University of Montreal, to contaminate these young students? Atheist professors, as I have stated, and as no one has been able to deny, and Jews brought up to hate our religion and our dogmas. I have been asked to name these professors. Let them first deny it, in authorized circles, before asking me to give names. I will not name them any more than I name the students who have become atheists, any more than I name the Jewish students. For, here, it is not a question of smearing names or personalities, but of a serious question of principle. I will not name names, but I will also say that it is a contaminating University which, to the young people who have learned in our colleges the Catholic doctrine of the indissolubility of marriage, the anti-social horror of divorce and the bigamous character of remarriage, mocks this doctrine through its leading officials and publicly tramples it underfoot. I hope I am understood and need not elaborate. Because it is officially Catholic, because it derives its existence from a charter issued by the Pope himself, the University of Montreal is not fulfilling its role, I reaffirm it. If it were recognized as neutral or openly anticlerical, I would have nothing to say, but my convictions and my duty as a Catholic will force me to speak as long as this university, by its official Catholic character, touches me so closely. I have the right, and you all have the same right, to bring up my children according to Catholic principles, I have the right to want them to be like me, like my ancestors; and this right gives me the right to examine and criticize the institutions where the Catholic training received in the home and in our little schools, in the shadow of the bell tower, must be continued. I have used this right and I will use it again. Who protests? The guilty, those who feel they have been taken advantage of. These people have tried to hide behind five bishops, saying that I had insulted them; they announced that they were going to ask the bishops to censure me. I have too much respect for our bishops and too much confidence in their leadership to ever speak out against their deci-



SUR L’UNIVERSITE DE MONTREAL   13

ON THE UNIVERSITY OF MONTREAL   13

sions. Je n’hésite pas à le dire, je me soumettrai entièrement à leur opinion le jour où ils se diront entièrement satisfaits des conditions qui prévalent à l’Université de Montréal. Mais la récente conférence de Son Eminence le Cardinal Villeneuve à Montréal, sur les universités et ce qu’elles doivent être, me justifie de croire qu’ils ne le sont pas. Aux professeurs de cette Université de Montréal, le cardinal disait, dans sa conférence:

sions. I have no hesitation in saying that I shall submit entirely to their opinion the day they say they are entirely satisfied with the conditions prevailing at the University of Montreal. But the recent conference of His Eminence Cardinal Villeneuve in Montreal, on universities and what they should be, justifies me in believing that they are not. To the professors of this University of Montreal, the Cardinal said, in his conference:

“Il y aurait crise chez plusieurs, moins encore des moeurs que de la foi. J’en suis inquiet, Messieurs, beaucoup plus qu’étonné … Puisque je suis en frais de constatations effarantes, chers Messieurs, ce n’est point d’ignorer une théologie élémentaire que je vous reproche, c’est d’ignorer le catéchisme, c’est de ne pouvoir au moins en traits rapides bâtir l’apologétique de votre foi, de n’avoir jamais cherché ce que veut dire le mystère du Christ avec ses deux natures dans une personne unique, de ne pas soupçonner l’économie sociale de la Rédemption, d’avoir sur la grâce, les sacrements, l’Eucharistie, des notions si verbales et si embrouillées que vous ne pourriez peut-être pas en parler deux instants à des étrangers à notre foi … J’ai fait allusion à l’ignorance en matière de dogmes, il y en a moins dans les questions de morale, de devoirs d’état, de morale professionnelle. Voilà pourquoi on fait le bien sans en être sûr, et cette incertitude incline à faire le mal par entraînement”.

“There is a crisis among many, not so much in morals as in faith. I am worried, Gentlemen, much more than astonished … Since I am at the mercy of such appalling observations, dear Sirs, I do not reproach you for being ignorant of elementary theology, but for being ignorant of the catechism, and for not being able, at least in brief strokes, to construct an apologetic of your faith, for never having sought to understand the meaning of the mystery of Christ with his two natures in a single person, for never having guessed at the social economy of the Redemption, for having notions of grace, the sacraments, the Eucharist, which are so verbal and so confused that you could not possibly speak of them for two moments to strangers to our faith … I have alluded to ignorance in matters of dogma; there is less in matters of morality, of state duties, of professional morality. This is why we do good without being sure of it, and this uncertainty inclines us to do evil by carrying us along.

Et encore:

And again:

“La cause que trop des nôtres, placés aux postes stratégiques, y soient des hommes fantômes, sans caractère défini, sans épine dorsale et sans reins, bien incapables en tout cas, de représenter devant leurs collègues d’origine ou de croyance étrangères, le type d’humanité supérieure qu’on devrait attendre d’une éducation catholique et française, en possession des principes surnaturels de la vertu et de la noblesse des meilleures traditions ancestrales. N’y aurait-il pas péril pour l’avenir de notre catholicisme autant que pour notre identité raciale, à élever ainsi dans nos écoles un peuple sans ressorts, dont l’état d’âme est celui du parent pauvre et du serviteur, incapable aussi bien de choisir avec quelque discernement, parmi les apports de l’étranger, accueillant avec une funeste inconscience, moeurs, modes, théâtres, idées, tout ce qui passe à sa portée, en train de perdre chez lui la direction de sa propre vie sociale.

“The cause of this is that too many of our people, placed in strategic positions, are phantom men, without defined character, without backbone and without loins, quite incapable in any case, of representing before their colleagues of foreign origin or creed, the type of superior humanity which should be expected from a Catholic and French education, in possession of the supernatural principles of virtue and the nobility of the best ancestral traditions. Would it not be a danger to the future of our Catholicism as well as to our racial identity to raise in our schools a people without resources, whose state of mind is that of the poor relation and the servant, incapable of choosing with any discernment from among the contributions of the foreigner, welcoming with disastrous unawareness, morals, fashions, theatres, ideas, everything that passes within its reach, while losing the direction of its own social life.

“Vous entendez, Messieurs, quelles directives le haut savoir de chez nous devrait projeter dans l’éducation populaire, à plus forte raison dans l’éducation moyenne.

“You hear, gentlemen, what directives the high knowledge of our country should project into popular education, let alone into middle education.

“Ne faudrait-il pas que les théories catholiques et traditionnelles sur le mariage, la famille, l’enfant, le travail, la richesse, les classes sociales, l’autorité publique et le reste fussent dans notre enseignement universitaire, bien arrêtées et remises en saillie?

“Shouldn’t the Catholic and traditional theories on marriage, the family, the child, work, wealth, social classes, public authority and the rest be in our university education, well established and brought to the fore?

Et le chef de l’Eglise canadienne ajoutait dans sa conférence, le 13 janvier dernier:

And the head of the Canadian church added in his conference on 13 January:

“Nous n’avons pas encore en cette province des universités catholiques comme il nous les faudrait. Nos Facultés produisent comme en séries et à la centaine des bacheliers d’ordre supérieur et, j’ajouterai, des universitaires qui ne le sont que par les frais d’inscription . . . Nos universités devront relever le niveau de leur enseignement religieux. Toutes les Facultés en devraient être imprégnées, au nom de l’honneur catholique, au nom d’une logique élémentaire. Avons-nous des universités catholiques pour que les étudiants en sortent juristes et physiciens, de la même sorte qu’il en sortirait ailleurs, oui ou non?”

“We do not yet have in this province Catholic universities as we need them. Our Faculties produce, as in series and in hundreds, bachelors of a higher order and, I will add, academics who are so only because of the fees … Our universities will have to raise the level of their religious education. All the faculties should be imbued with this, in the name of Catholic honour, in the name of elementary logic. Do we have Catholic universities so that students come out of them lawyers and physicists, of the same sort as would come out of them elsewhere, yes or no?”



14    LA GRIFFE ROUGE

14    THE RED CLAW

Je vous laisse à juger si ces graves paroles, qui sont vraies et correspondent à la pleine réalité des choses, prouvent que nos évêques sont satisfaits ou dissatisfaits des conditions universitaires, surtout dans la plus grande de nos universités catholiques, celle de Montréal, une institution catholique où l’on refuse de faire faire la prière aux élèves, probablement par un ridicule respect humain qui porte des catholiques à rougir du Christ devant les descendants de ceux qui l’ont fait mettre à mort.

I leave it to you to judge whether these grave words, which are true and correspond to the full reality of things, prove that our bishops are satisfied or dissatisfied with university conditions, especially in the largest of our Catholic universities, that of Montreal, a Catholic institution where the right of students to pray is refused, probably out of a ridiculous human respect that leads Catholics to blush at Christ in front of the descendants of those who had him put to death.

Opinions de journaux et de correspondants.

Opinions of newspapers and correspondents.

Toujours sur cette question, on m’a encore donné raison ailleurs. “L’Illustration”, journal conservateur, a consacré deux articles éditoriaux pour appuyer mes déclarations. C’est un journal conservateur, mais son opinion vaut autant que celle de n’imjporte quel journal libéral. Le “Patriote”, de Montréal, journal qui s’occupe depuis longtemps de cette question de l’Université, journal du nouveau Parti National Social Chrétien en guerre ouverte contre le libéralisme et l’athéisme, de même que contre les communistes et les socialistes, a consacré deux pages de son édition du 8 mars pour appuyer mes déclarations, et a même dit que je n’étais pas allé encore assez loin. A leur récente assemblée, les Jeune-Canada, ont tout admis de ce que j’avais dit. mais ont tenté de trouver des excuses pour les conditions que j’ai dénoncées. Mais ce n’est pas tout. J’ai reçu d’une foule de /personnes qui ont des enfants à l’Université de Montréal, de professionnels qui y ont fait leurs études, des lettres nombreuses qui corroborent entièrement tout ce que j’ai dit et me félicitent chaleureusement d’avoir eu le courage d’être le premier à le dire publiquement. Permettez-moi de vous en lire quelques-unes.

Still on this question, I have been proven right elsewhere. “L’Illustration”, a conservative newspaper, devoted two editorial articles to support my statements. It is a conservative paper, but its opinion is as good as that of any liberal paper. The “Patriote”, of Montreal, a newspaper which has long been concerned with this question of the University, the newspaper of the new National Social Christian Party in open warfare against liberalism and atheism, as well as against the Communists and Socialists, devoted two pages of its March 8th edition to support my declarations, and even said that I had not yet gone far enough. At their recent meeting, Jeune-Canada  admitted everything I had said, but tried to make excuses for the conditions I had denounced. But that is not all. I have received numerous letters from people who have children at the University of Montreal, from professionals who studied there, which fully corroborate everything I have said and warmly congratulate me for having had the courage to be the first to say it publicly. Allow me to read you some of them.

Un avocat de Montréal, qui a été formé à l’Université de Montréal, m’écrit en date du 28 février:

A lawyer from Montreal, who was trained at the University of Montreal, writes to me on 28 February:

“Je le crois, moi aussi, qu’il y a des professeurs athées à cette Université”.

“I, too, believe that there are atheist professors at this University.”

Un Monsieur L., de la rue Henri-Julien, Montréal, m’écrit en date du 1er mars 1934:

A Mr. L., of Henri-Julien Street, Montreal, wrote to me on 1 March 1934:

“Ce que vous avez osé dire, et que tant d’autres pensent sans avoir votre courage, est l’exacte vérité et vous n’avez rien à rétracter. Tous ceux qui n’ont pas d’intérêt à cacher la vérité et qui veulent mettre un frein a la bêtise des nôtres en ce qui concerne notre université, vous remercient de votre belle franchise et vous félicitent du grand courage qu’il vous a fallu pour cela.”

“What you have dared to say, and which so many others think without having your courage, is the exact truth and you have nothing to retract. All those who have no interest in hiding the truth and who want to put a stop to the stupidity of our people as far as our university is concerned, thank you for your beautiful frankness and congratulate you on the great courage it took for you to do this.”

Un Monsieur B., de la rue Christophe-Colomb, Montréal, m’écrit en date du 12 mars:

A Mr. B., of Christophe-Colomb Street, Montreal, wrote to me on March 12th:

“Veuillez me permettre de vous offrir mes remerciements les plus sincères pour vos légitimes remarques concernant l’Université de Montréal.

“Please allow me to offer my sincere thanks for your legitimate remarks about the University of Montreal.



SUR L’UNIVERSITE DE MONTREAL   15

ON THE UNIVERSITY OF MONTREAL   15

“Vous avez dit tout haut ce que des centaines de mille citoyens pensent tout bas.”

“You have said out loud what hundreds of thousands of citizens are thinking in silence.”

Et je pourrais continuer les citations dans des lettres, toutes signées, venant d’un peu partout, de gradués de l’Université, de parents qui y ont des élèves, d’un correspondant qui donne même des précisions de noms. Je les ai toutes ici devant moi, et il me faudrait consacrer toute la soirée à leur lecture.

And I could go on quoting from letters, all signed, from all over the place, from graduates of the University, from parents who have students there, from a correspondent who even gives details of names. I have them all here in front of me, and I would have to spend the whole evening reading them.

Eh ! bien, je vous le demande, électeurs de Compton, est-ce que ces autorités sérieuses, ces personnes formées à l’Université de Montréal, ces témoins oculaires, ce journal des étudiants de l’Université, ces journaux de Montréal, ces reproches du Cardinal, cette expansion de l’athéisme chez les jeunes, cette crainte de la prière à l’Université ne me donnent pas raison contre tous les cris rageurs de la clique libérale radicale qui, elle, n’a pas été capable de détruire un seul de mes arguments?

Well, I ask you, voters of Compton, don’t these serious authorities, these people trained at the University of Montreal, these eyewitnesses, this student newspaper from the University, these Montreal newspapers, these reproaches from the Cardinal, this expansion of atheism among young people, this fear of prayer at the University, prove me right against all the raging cries of the radical liberal clique, which has not been able to destroy a single one of my arguments?

Catholicisme et libéralisme.

Catholicism and liberalism.

J’ai affirmé mes convictions de catholique. Je serai logique et j’irai jusqu’au bout. C’est parce que je suis catholique, parce que je me soumets à l’enseignement des hautes autorités catholiques, que je ne ipuis pas et ne veux pas être libéral. C’est parce qu’elle est libérale que l’Université de Montréal ne peut pas être catholique. Catholique et libéral ne vont pas ensemble ; c’est pour cela que les libéraux des hauts cercles endurent si mal et si hypocritement ce qu’ils appellent les “soutanes”. En mai 1932, le “Devoir” de Montréal reproduisait cette déclaration d’un haut personnage libéral, très rapproché de M. Taschereau, à un professeur français venu à l’Université de Montréal :

I have stated my convictions as a Catholic. I will be logical and I will go all the way. It is because I am a Catholic, because I submit to the teachings of high Catholic authorities, that I do not and will not be liberal. It is because it is liberal that the University of Montreal cannot be Catholic. Catholic and liberal do not go together; that is why liberals in high circles so badly and hypocritically endure what they call “cassocks”. In May 1932, the Montreal “Le Devoir” reproduced this statement made by a senior Liberal figure, very close to Mr. Taschereau, to a French professor who had come to the University of Montreal:

“Reprenez le plus tôt possible votre chaire en France et dites à M. X. (alors professeur à l’Université de Montréal) de reprendre la sienne. La situation de l’Université, mauvaise cette année, sera pire l’an prochain. L’Université a voulu se passer de nous (les politiciens de Québec); il faut qu’elle meure pour renaître plus tard et être entre nos mains. Nous en avons assez des soutanes!”

“Return to your chair in France as soon as possible and tell Mr. X. (then a professor at the University of Montreal) to return to his. The situation of the University, bad this year, will be worse next year. The University wanted to do without us (the politicians of Quebec); it must die in order to be reborn later and be in our hands. We have had enough of cassocks!”

C’est là, électeurs de Compton, la source de toutes les difficultés, de tous les maux actuels de l’Université, la source de tout l’anti-christianisme qu’on y trouve ! Il est temps qu’on le dise tout haut, qu’on jette bas le masque de l’hypocrisie libérale, qu’on le crie à la face de tout le pays, pour que la petite clique rouge de Québec se mêle enfin de ses affaires et qu’elle remette à l’autorité entière de nos évêques cette université “catholique” dont la griffe libérale a fait sa proie. Le cri que j’ai lancé et qui a fait si mal aux coupables veut simplement dire: “Holà, la Clique rouge de Québec, sortez de l’Université

This, Compton voters, is the source of all the difficulties, of all the present ills of the University, the source of all the anti-Christianism to be found there! It is time to say it out loud, to throw down the mask of liberal hypocrisy, to shout it in the face of the whole country, so that the little red clique in Quebec City will finally mind its own business and hand over to the full authority of our bishops this “Catholic” university which the liberal claw has made its prey. The cry I launched and which hurt the culprits so much simply means: “Whoa, Quebec City’s Red Clique, get out of the University



16    LA GRIFFE ROUGE

16    THE RED CLAW

de Montréal, dont le rôle n’est pas d’être une officine libérale, mais un foyer de formation catholique; déguerpissez de cette institution que vous avez délibérément ruinée pour vous en emparer, pour la faire renaître sous une forme neutre, irreligieuse et anticléricale; de cette institution que vous déformez, amoindrissez et avilissez pour vos fins inavouées ! Dehors, ce n’est pas une affaire politique, mais une affaire avant tout religieuse et sociale ! Cessez vos pressions indues, votre intimidation, votre diantage, et redonnez à nos évêques l’autorité que vous avez usurpée, rendez-leur la plénitude de leurs droits que vous avez amoindris, remettez-leur la liberté absolue d’accomplir leur mission que vous avez indûment restreinte !” Et ce cri, qui fait si mal à la clique rouge parce qu’il est vrai, je le lancerai contre toute autre puissance politique, même conservatrice, qui tenterait d’opérer une semblable main-mise sur nos universités catholiques. Dieu merci, et j’en suis encore plus fier d’être conservateur, jamais mon parti ne s’est avili jusque-là dans des procédés de contrainte contre les droits de la religion.

whose role is not to be a liberal dispensary, but a home of Catholic training; get out of this institution which you have deliberately ruined in order to take it over, to revive it in a neutral, irreligious and anti-clerical form; get out of this institution which you deform, diminish and debase for your unavowed ends! Get out! This is not a political affair, but a religious and social affair above all! Cease your undue pressure, your intimidation, your blackmail, and give back to our bishops the authority you have usurped, give back to them the fullness of their rights which you have diminished, give back to them the absolute freedom to carry out their mission which you have unduly restricted!” And this cry, which hurts the red clique so much because it is true, I will hurl against any other political power, even conservative, which would attempt to operate a similar takeover of our Catholic universities. Thank God, and I am even prouder to be a Conservative, that my party has never before stooped to coercive procedures against the rights of religion.

Catholicisme et libéralisme ne vont pas ensemble, ai-je dit. Voyons un peu nos autorités religieuses auxquelles, comme catholique, je me soumets et m’abandonne entièrement. Mgr L.-A. Paquet, cité par le Cardinal Villeneuve comme le premier théologien du Canada, écrit dans son “Droit public de l’Eglise”:

Catholicism and liberalism do not go together, I said. Let’s take a look at our religious authorities to whom, as a Catholic, I submit and surrender myself entirely. Bishop L.-A. Paquet, cited by Cardinal Villeneuve as the premier theologian in Canada, writes in his “Droit public de l’Eglise” (Public Church Law):

“La question du libéralisme a longtemps et profondément agité l’opinion publique canadienne. L’erreur libérale — des faits et des déclarations le prouvent — n’est certes pas inconnue en notre pays. Elle a séduit, en divers camps, de brillants esprits. Elle s’est même créé, sous sa forme radicale, un certains nombre d’adeptes. Il faut, partout où elle se montre, la combattre avec fermeté et aussi justice. L’absence de notions religieuses claires, jointe à certain commerce de lettres et d’affaires, explique, croyons-nous, plusieurs égarements de bonne foi”.

“The question of liberalism has long and deeply agitated Canadian public opinion. Liberal error — facts and statements prove it — is certainly not unknown in our country. It has seduced brilliant minds in various camps. It has even created for itself, in its radical form, a certain number of followers. Wherever it appears, it must be fought with firmness and justice. The absence of clear religious notions, combined with a certain trade in letters and business, explains, we believe, many misguided people of good faith.

Tel est renseignement du premier théologien du Canada. Les grands théologiens de tous les pays donnent un enseignement identique, de môme que le Vatican, qui a résumé toute la question dans cette phrase si courte et si claire : “Le socialisme a le libéralisme pour père et le bolchevisme pour héritier“. Et notez bien qu’il est question ici de politique ! Et à ceux qui. toujours lâches et hypocrites, toujours prêts à se cacher derrière quelque chose, s’écrieront: “Libéralisme économique !”, je dirai: “Qui permet le libéralisme économique, qui l’inspire, qui l’a créé, qui l’entretient et le soutient? Une seule chose: le libéralisme politique. Ce même libéralisme, père du socialisme, qui conduit au bolctievsme et à l’athéisme, c’est le même libéralisme qui veut sortir “les soutanes” de nos universités !

This is the advice of Canada’s first theologian. The great theologians of all countries give the same advice, as does the Vatican, which has summed up the whole question in this short and clear sentence: “Socialism has liberalism as its father and Bolshevism as its heir. ” And take good note that the question here is about politics! And to those who ― ever cowardly and hypocritical, always ready to hide behind something ― will cry out: “Economic liberalism!“, I will say: “Who facilitates economic liberalism, who inspires it, who created it, who maintains and sustains it? Just one thing: political liberalism. This same liberalism, the father of socialism, which leads to Bolshevism and atheism, is the same liberalism that wants to get “the cassocks” out of our universities!

En 1909, tous nos évêques québécois se réunissaient en concile plénier et faisaient la proclamation suivante:

In 1909, all our Quebec bishops met in Plenary Council and made the following proclamation:

“On apportera une vigilance particulière à empêcher les élèves des Facultés laïques (autres que la théologie et la philosophie) de se lais-

“Particular care should be taken to prevent students in secular faculties (other than theology and philosophy) from be-



SUR L’UNIVERSITE DE MONTREAL   17

ON THE UNIVERSITY OF MONTREAL  17

ser séduire par des théories spécieuses et de tomber dans les filets de l’erreur. Parmi ces théories erronées figurent le matérialisme, le libéralisme et le modernisme”. Et ils ajoutaient la recommandation spécifique «uivante:

ing seduced by specious theories and from falling into the trap of error. Among these erroneous theories are materialism, liberalism and modernism. And they added the following specific recommendation:

“b) afin que le virus libéral n’infecte pas les esprits, nous estimons qu’il est nécessaire d’instituer dans nos universités une chaire de droit public de l’Eglise”.

“b) In order to prevent the liberal virus from infecting people’s minds, we consider it necessary to establish a chair of public church law in our universities.”

Pourquoi cette chaire? Pour combattre le libéralisme que l’Eglise condamne comme une erreur. Pourquoi nos universités soi-disant catholiques n’ont-elles .pas encore ces chaires, demandées par tous nos évoques depuis 1909 ? Parce que le libéralisme s’est emparé des universités. Eh ! bien, mes amis, ce sera pour moi le plus grand honneur et la plus grande gloire de ma vie si, par mes déclarations et toute la campagne nationale qu’elles devraient susciter chez les convaincus, le libéralisme peut être expulsé de nos universités catholiques, pour être remplacé par le catholicisme. Non le catholicisme tel que compris par la clique rouge de Québec, mais le catholicisme tel qu’enseigné par !e Cardinal et nos évêques. Et j’aurai conscience d’avoir fait une grande et belle chose pour ma religion et ma race si, par mes déclarations, j’aurai aidé à garder “les soutanes” dans nos institutions à charte papale, à y faire établir ces chaires de droit public de l’Eglise que le libéralisme a tenues à l’écart de nos universités, depuis 1909.

Why this chair? To combat liberalism, which the Church condemns as an error. Why do our so-called Catholic universities still not have these chairs, which have been requested by all our bishops since 1909? Because liberalism has taken over the universities. Well, my friends, it will be the greatest honour and the greatest glory of my life if, by my declarations and the whole national campaign which they should arouse among the convinced, liberalism can be expelled from our Catholic universities, to be replaced by Catholicism. Not Catholicism as understood by the red clique in Quebec, but Catholicism as taught by the Cardinal and our bishops. And I shall be aware that I have done a great and beautiful thing for my religion and my race if, by my declarations, I have helped to keep “the cassocks” in our papal-chartered institutions, to have established there those chairs of public law of the Church which liberalism has kept away from our universities since 1909.

Les Juifs nous attaquent.

The Jews are attacking us.

Reste la question des Juifs. Personne, là-dessus, n’a osé me répondre, sauf le député juif Joseph Cohen, que l’intérêt force à défendre la haute position honorifique que M. Taschereau lui a fait accorder, dans notre Législature “canadienne-française et catholique”. Journaux rouges, étudiants, professeurs de l’Université, Jeune-Canada, tous ont fait le plus profond silence là-dessus. Je m’imagine que, s’ils avaient eu la moindre chance de m’attaquer, la moindre justification à offrir, ils m’auraient recouvert de beaucoup d’autres injures. Mais j’accepte leur silence comme un aveu éclatant de la vérité des faits. En même temps, j’accepte avec plaisir les félicitations que le “Patriote”, les fascistes et de nombreuses lettres m’ont adressées.

There remains the question of the Jews. No one dared to reply to me on this subject, except the Jewish deputy Joseph Cohen, whom interest forces to defend the high honorary position which Mr. Taschereau had granted him in our “French-Canadian and Catholic” legislature. Red newspapers, students, university professors, Jeune-Canada, all have maintained profound silence on the subject. I imagine that, if they had had the slightest chance to attack me, the slightest justification to offer, they would have covered me with many other insults. But I accept their silence as a glaring admission of the truth of the facts. At the same time, I accept with pleasure the congratulations that the “Patriote”, the fascists and many letters have addressed to me.

J’estime que les Juifs sont un danger, à la Législature comme à l’Université. Et, sur cette question, je ne m’arrête pas aux raisons que donnent les antisémites, les anti-juifs, mais seulement aux raisons que nous donnent les Juifs eux-mêmes.

I believe that Jews are a danger, both in the Legislature and in the University. And on this issue I do not stop at the reasons given by the anti-Semites, the anti-Jews, but only at the reasons given by the Jews themselves.

Le Juif Benjamin Disraeli, qui fut premier ministre d’Angleterre, a écrit dans un de ses principaux livres, que la juiverie cherche à détruire la chrétienté. Il admet que les Juifs attacquent. N’avons-nous pas le droit de nous défendre ?

The Jew Benjamin Disraeli, who was Prime Minister of England, wrote in one of his major books that Jewry seeks to destroy Christianity. He admits that the Jews are attacking. Do we not have the right to defend ourselves?



Dans le Talmud, ou code religieux des Juifs, dont j’ai lu quelques passages, on affirme que seul le Juif a le droit d’adorer Dieu, que les non-juifs ne doivent pas le faire. J’estime que c’est une attaque contre notre droit d’avoir des églises, et qu’il nous est justifiable de nous défendre.

In the Talmud, or the religious code of the Jews, some of which I have read, it is stated that only the Jew has the right to worship God, that non-Jews should not do so. I feel that this is an attack on our right to have churches, and that we are justified in defending ourselves.

Dans “L’Encyclopédie Judaïque”, à la Bibliothèque du Sénat, j’ai lu la fameuse prière juive du “Kol Nidré”, que les Juifs récitent dans leurs synagogues, et par laquelle ils déclarent que tous les serments, promesses et engagements qu’ils feront durant les douze prochains mois seront nuls et de nul effet, qu’ils n’auront pas de force et n’engageront pas les Juifs qui les feront. J’estime que c’est une attaque et que nous avons le droit de nous défendre.

In the “Encyclopaedia Judaica” in the Senate Library, I read the famous Jewish prayer of “Kol Nidre”, which the Jews recite in their synagogues, and by which they declare that all oaths, promises and commitments they make during the next twelve months will be null and void, that they will have no force and will not bind the Jews who make them. I believe that this is an attack and that we have the right to defend ourselves.

Dans les grands auteurs juifs, il est mille et une fois répété que les Juifs sont révolutionnaires par naissance, qu’ils veulent la révolution mondiale, qu’ils y travaillent et la financent, que ie socialisme est une affaire juive, que le communisme est une affaire juive. J’estime que c’est une attaque et que nous avons le droit de nous défendre.

In the great Jewish writers, it is repeated a thousand times that the Jews are revolutionaries by birth, that they want the world revolution, that they work for it and finance it, that socialism is a Jewish affair, that communism is a Jewish affair. I think that this is an attack and that we have the right to defend ourselves.

Les Juifs constituent la seule race qui refuse de s’assimiler, iis forment une nation dans la nation, ils ne se disent Canadiens que lorsqu’ils ont une faveur à demander ou un privilège à conquérir, ils sont anti-chrétiens de leur propre aveu. J’estime que tout cela est une attaque et que nous avons le droit de nous défendre.

The Jews are the only race that refuses to assimilate, they are a nation within a nation, they call themselves Canadians only when they have a favour to ask or a privilege to win, they are anti-Christian by their own admission. I believe that all this is an attack and that we have the right to defend ourselves.

La disproportion de la statistique des délits juifs avec leur population, leur refus de respecter leurs conditions d’entrée au pays, leur prépondérance dans l’entremettage et les organismes d’exploitation, leur large part dans la propagande subversive, leur organisation mondiale qui s’immisce dans notre vie économique et nationale, leur refus de vivre suivant les traditions générales du pays, leur irrespect constant de notre foi chrétienne du dimanche, leur parasitisme, leur éthique opposée à la nôtre, sont autant d’attaques contre lesquelles nous avons le droit de nous défendre.

The disproportion of Jewish crime statistics to their population, their refusal to respect their conditions of entry into the country, their domination in procurement and business agencies, their large share in subversive propaganda, their world-wide organization which interferes in our economic and national life, their refusal to live according to the general traditions of the country, their constant disrespect for our Christian Sunday faith, their parasitism, their ethics opposed on ours, are all attacks against which we have the right to defend ourselves.


LA GRIFFE ROUGE (1934) BACK COVER

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